L’Autre musique et le Projet Bloom s’associent et s’engagent dans la publication d’une nouvelle revue papier consacrée aux arts sonores au sens large dans leurs relations aux autres arts.

Cette nouvelle revue veut combler un manque cuisant dans le champ artistique contemporain : l’absence de textes qui osent poser des questions artistiques, qui prennent des partis pris forts et sans concession, une revue qui se décolonise d’une langue prête-à-porter.

Parce qu’il est proprement insupportable de se laisser envahir par des textes et des discours formatés qui ressemblent à de la mauvaise propagande égotique quand il s’agit de texte proposé par des artistes, ou à des patchworks plus ou moins alambiqués, faits de raccourcis non inspirés et sans fond, quand il s’agit d’articles musicologiques ou de recherche en art ( et souvent sans l’art) :

Documents veut, dans l’esprit de la revue du même nom dont elle s’inspire de manière très lâche, mettre en tension des textes, des images, des représentations, des sons, des partitions. Un rapprochement lointain et juste, une unité disjonctive, qui proposera une pensée critique et sensible dans le sensible.

Des contenus qui poseront, par leurs heurts parfois violents, les symptômes artistiques de notre époque, prendront le risque d’émettre des hypothèses poétiques, et mettront en chantier des manifestes sonores. Nous ne sollicitons, vous l’aurez compris, non pas des articles d’analyses musicologiques, mais des textes et documents qui témoigneraient d’une réflexion artistique critique, sensible, et résolument de son présent. Pas de thèmes donc pour chaque numéro, mais un travail éditorial qui consistera à mettre en tension les propositions reçues ou sollicitées.

Les propositions seront publiées au fil des numéros si des mises en tensions apparaissent possibles. Vous pouvez proposer des partitions (non publiées) que nous souhaitons publier en intégralité, des images ou des séries d’images, des dessins, des schémas, et toutes formes textuelles qui rentrent dans le sensible. Un dictionnaire critique accompagnera chaque numéro de la revue, proposant des points de vue terminologiques personnels et engagés ; il appartiendra à chacun des contributeurs de l’étoffer, au fil des publications.

DOCUMENT(S) 1

Document(s) #1

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Sommaire :

Emmanuel Adely | Ceci est une sonate
Simon Artignan | Ciel avec microphone I et II
Jérôme Combier | Esquisse à propos des nuages
Lambert Dousson | Musique saturée, rhétorique de l’hybridation et mythologie moderniste
Tânia Geiroto Marcelino | Untitled & Pintura contra o método
Cameron Graham | Failure
David Helbich | Music in 19 pieces
Dmitri Kourliandski | L’espace du son : J’entends mon oncle marcher
Frédéric Mathevet | Mais pourquoi pas une feuille de houx ?
Dmitry Morozov | Last Breath
Rie Nakajima | Mending, repairing
François Sarhan | Vidéo-musique (introduction)/Joanna Baillie | The Grand Tour
François Seigneur | L’homme qui peint les bords du ciel/Erwan Le Bourdonnec | Avel sonn
Olga Theuriet | Robe, dépouille de guerre
VERBATIM | Silence
avec Sylvie Brière, Alain Chareyre-Méjean, Jean-Marie Gleize, Antoine Lengo, Franck Mas, Frédéric Mathevet, Colin ROCHE

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(hors série)

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176 Pages

ISSN : 2743-5210
Numéro # – printemps 2021 – première édition

“D’une certaine façon, j’ai une écriture du sonore et du musical qu’on pourrait qualifier « de poche ».

« Noter », c’est tout un rituel pragmatique d’organisation de ses poches et du fond de ses poches, pour se rendre disponible au présent. Parce que la pratique de la notation c’est-à-dire la saisie d’une circonstance attend de celui qui s’y adonne une certaine disposition d’esprit et suffisamment de temps pour en saisir le moment et le mouvement.

Pour « noter » il faut être disponible, ce qui engendre toute une quantité de préparations et d’agencements méticuleux de ses crayons, de ces carnets, le micro et l’enregistreur éventuel, qui permettront la pleine réception du présent, d’« ausculter le grand cluster vivant » (Claude Ballif).

Puis, c’est une gymnastique particulière, une pratique qui suppose d’avoir un œil et une oreille sur la page, les deux autres, sur ce qui arrive. Tout le dispositif technique et matériel, préparé pour le moment de la prise de notes, permet d’« écrire le présent en le notant au fur et à mesure qu’il tombe. Des copeaux de présent, tel qu’ils vous sautent à l’observation, à la conscience (R. Barthes) » qui suppose de la notation qu’elle soit une activité extérieure et soudaine.


Alors, « noter » c’est faire une intersection. C’est toute son ambiguïté, la « note » est l’intercesseur (Deleuzien), elle s’interpose, s’oppose pour mieux conserver le mouvement qu’elle réceptionne. La notation est entre la marque, elle isole et elle sacrifie, et le flux, celui du langage de la notation : littéraire, musicale et sonore, graphique… Elle scarifie un mouvement, un déplacement et en engage de nouveaux.

L’incision est la syntaxe d’une pratique nomade du sonore et du musical.”

Frédéric Mathevet

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